Qui a dit que les Français étaient égoïstes? Selon le 20e baromètre de la finance solidaire publié le 7 juin par Fair (ex-Finansol) en partenariat avec La Croix, l’encours de l’épargne solidaire a atteint un niveau record de 24,5 milliards d’euros fin 2021. Mais attention à ne pas confondre avec la finance responsable et les “fonds ESG”. On parle de placement solidaire uniquement lorsque l’épargne est investie en tout ou partie (sans minimum) dans des projets dits d’utilité sociale: lutte contre le chômage, accès au logement, entrepreneuriat dans les pays en développement, microcrédit, tout en percevant des intérêts. Ces placements existent sous plusieurs formes: livrets, fonds, crowdfunding… Elles ont toutes fortement progressé l’an dernier.
“Les Français sont séduits par l’idée de flécher leur épargne vers des projets qui ont un impact social particulièrement fort” , explique Jon Sallé, responsable de l’observatoire de la finance à impact social à Fair. Par exemple, les encours des livrets, comme le livret Agir du Crédit coopératif ou les comptes à terme, ont connu une augmentation de près de 20%, pour atteindre 2,73 milliards d’euros, malgré la concurrence du livret A.
Pas un mauvais calcul financier sur le long terme
Les produits boursiers solidaires ont eux aussi connu une belle année, avec une croissance d’1 milliard d’euros d’encours. Une progression due à la fois à l’apparition de nouveaux produits (il y a désormais 178 produits labellisés par Fair) et à une progression des produits déjà labellisés tirés par le marché haussier. Mais surtout, le secteur a bénéficié d’une disposition de la loi Pacte, qui oblige depuis le 1er janvier 2022 les banques et les compagnies d’assurances à intégrer une unité de compte solidaire dans les fonds proposés dans leurs contrats d’assurance-vie.
L’épargne salariale, qui a cette obligation depuis 2008, est d’ailleurs le principal véhicule de la finance solidaire en France. Opter pour ces produits n’est pas forcément un mauvais calcul financier sur le long terme.
“L’Autorité des marchés financiers a publié en 2021 une étude selon laquelle la rentabilité des gammes solidaires n’est pas inférieure à celle des produits classiques, avec un niveau des frais inférieur pour les premières, mais surtout avec la transparence et l’impact positif en plus” , rappelle Jon Sallé. Un argument pour convaincre l’immense majorité des épargnants qui n’a pas encore sauté le pas. Malgré sa très forte progression depuis une vingtaine d’années, l’épargne solidaire ne représente toujours que 0,42% du patrimoine financier des Français. L’encours a atteint 24,5 milliards en 2021, dont près de 3 milliards pour les livrets.